Préface

Qu'est-ce que la « bientraitance » ? Née de la protection de l'enfance, elle s'est développée dans divers champs, cheminant entre éducation et santé pour définir les bonnes pratiques relationnelles dans l'accompagnement d'autrui. Si cette notion vivante n'a cessé d'évoluer dans le temps voyageant dans les différents secteurs de la prise en charge, elle prend une forme bien spécifique dans le contexte scolaire, lorsqu'appliquée ou non aux élèves, elle permet d'interroger le traitement qu'il leur est fait au sein de l'école et de penser autrement la place de l'enfant dans le système éducatif.

Le livre « Quand je m'appelais Gollum » donne à voir son envers, la maltraitance. Cet écrit narratif, biographique, forcément romancé, au demeurant très ancré dans une réalité qui ne pourrait s'inventer, permet de saisir au travers du regard introspectif d'un adolescent toute la violence d'un système. Un système, telle une toile qui se tisse pour accueillir, dans une forme d'immobilisme, celui, vulnérable, qui s'y colle sans plus pouvoir s'en échapper. Un système qui tue de l'intérieur à petit feu sans porter la responsabilité de cette mort lente d'une identité sacrifiée. Le système n'est personne en particulier, chaque fil qui le compose contribue sans penser in fine son impact et sa dangerosité. Une toile de fond en tension, un espace de vie scolaire ou un climat qui vulnérabilise les plus sensibles.

Le questionnement du climat scolaire et du bien-être à l'école, d'actualité, et sous cet angle abordé, rejoint une préoccupation partagée. Une préoccupation qui nous habite - parents, professionnels accompagnants, enseignants -, et qui réveille en nous nos propres souvenirs de maltraitance ordinaire que nous avions banalisée. Des réminiscences que nous aurions sûrement souhaité oublier, si le vécu scolaire de nos enfants ne venait pas le raviver. Cet ouvrage permet d'interroger le sens, la portance humaine de la bientraitance voyageant dans le continuum « bien...mal » et ce, sans jugement, ni moralité.

Ce témoignage de souffrance scolaire qui narre une expérience d'humiliation dépersonnalisante permet à chacun de s'identifier dans ce qui ne devrait plus jamais être accepté, l'irrespect de la singularité et l'indignité.